C’est l’été, mon patient est embêté par une mouche qui volète autour de lui. Il ne veut pas lui faire de mal mais voudrait la capturer pour la relâcher dehors, sauf qu’à moins d’être un moine Shaloin ce n’est pas chose aisée. Toute son attention se porte sur cette petite bête qui, aussi minuscule soit elle, prend toute la place durant cette séance.
Je propose alors à mon patient un exercice, je lui indique : « cette mouche c’est comme les pensées, plus on cherche à les empêcher, à les contrôler, les chasser, bref à agir dessus, plus elles reviennent et occupent l’espace mental. Essayons alors quelque chose de nouveau, ne faisons rien, laissons la être là et revenons à ce qui compte, à ce que vous étiez en train de me dire, et ce même si elle est sur vous ».
Ne rien faire en psychologie tant pour le patient que pour le thérapeute c’est en réalité le plus difficile. C’est accepter d’être au contact de ses émotions et de ses sensations désagréables, de faire ce mouvement d’approche volontaire, c’est aussi ne pas être obligé de croire ou d’obéir à ses pensées mais, les laisser virevolter plus ou moins loin, plus ou moins bruyamment dans notre tête.
Mon patient était partant pour essayer et vous savez quoi ? Quand à la fin de la séance je lui ai fait la remarque qu’il n’avait plus portée son attention sur la mouche, il a ri et dit « mais oui c’est vrai je l’ai complètement oubliée, je ne sais même pas où elle est ! »
Aurélie JULIEN, psychologue
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