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Photo du rédacteuraureliejulien91

Alerte rouge !

🎬 Aujourd’hui j’ai envie de vous parler du dernier film d’animation de Disney- Pixar : Alerte Rouge.


📝L’histoire en bref : Le spectateur suit les aventures de Mei Mei Lee, une jeune ado de 13 ans, dans les années 2000, tiraillée entre son image de petite fille modèle aux yeux de ses parents immigrés chinois au Canada et le besoin d’indépendance de l’adolescence. De plus, comme si tous les changements liés à la puberté ne suffisaient pas, à chaque fois que des émotions fortes la submergent, elle se transforme en panda roux géant ! Avec ses 3 meilleures amies, Mei Mei va tout mettre en œuvre pour aller au concert de leur boysband préféré malgré la désapprobation de sa mère. Toutes les péripéties vont alors s’enchaîner.


⚠️*Spoiler alert : des passages clefs vont être mentionnés*

✅Les plus :

Un film d’animation dont les personnages principaux sont exclusivement des filles et qui se rassemblent autour d’un intérêt commun : un groupe de musique (on note ainsi le passage de l’enfance avec des jeux de cour de récréation à la socialisation de l’adolescence grâce à ce partage d’intérêt). La diversité féminine est célébrée à travers leurs personnalités : la « garçon manqué », « la lesbienne gothique », « la ronde enjouée » et Mei Mei la préado pleine d’assurance qui jongle entre conformisme religieux/culturel et intégration dans une société occidentale.

Un film à destination du jeune public qui, pour une fois, parle assez ouvertement de l’arrivée des règles. Ecrit par des femmes asiatiques, l’angle est tendre, drôle sans jamais être moqueur.

Le poids de la culture est dépeint avec le contraste au sein d’une même famille avec la grand-mère arrivée avec ses filles en tant que première génération d’immigrées et avec Mei Mei, en seconde génération, qui est prise dans un conflit de loyauté : amour de sa famille, tout faire pour ne pas la décevoir, le devoir de participer à la vie du temple. Ainsi, la question du partage de la religion et de la transmission de la tradition est également abordée. Lors d’une scène touchante, lorsque Mei Mei prie avec sa maman, il y a un partage sincère de valeur et d’instant présent qui représente bien comme Mei Mei peut se sentir écartelée entre ses deux cultures et ses aspirations qui divergent radicalement. A la fin du film, Mei Mei fait le choix, en gardant son panda, d’intégrer un peu plus son héritage chinois à la culture canadienne alors que ses tantes choisissent de continuer de contenir leur panda dans une amulette et ainsi de lisser une partie d’elles. La fragilité de la maman est joliment mise en lumière lorsque son panda est sorti et a effractée sa carapace de mère rigide, on entrevoit alors son enfant intérieur terrifié et épuisé, qui a vécu les mêmes bouleversements que Mei Mei.

Il est intéressant de constater que les plus petits pandas sont ceux de Mei Mei et Sunny (son ancêtre), qui sont celles qui ont décidé de ne pas l’enfermer dans une amulette et de l’exprimer quand elles le veulent. Ainsi, cela laisse le spectateur comprendre que plus on réprime une émotion, plus elle prend de la place.

La virilité abusive est également déconstruite avec un ado aussi fan du boysband, un papa compréhensif et soutenant (qui d’ailleurs est fier du panda de sa fille et l’aime telle quelle) et même un chaman anticonformiste.


➖Les moins :

Le fait que les pandas concernent uniquement les filles est je trouve regrettable car, cela assimile le panda roux encore davantage aux règles, or la puberté c’est tellement plus que ça. Les garçons subissent tout autant de chamboulements, leur panda aurait aussi dû être mis en exergue. Par ailleurs, l’intrigue étant centrée sur le boysband cela est un peu grossier, faisant passer les jeunes filles pour des « hystériques » guidées uniquement par leurs hormones (elles ont d’autres intérêts comme l’écologie, mais cela étant présenté à l’écran de manière si furtive que cela passe inaperçu).

Le second point problématique est le fait que ce film soit au final assez peu inclusif. D’une part en terme de compréhension, je pense qu’il commence à être accessible seulement à partir de 9 ans. D’autre part, il peut être un peu difficile pour le spectateur de s’identifier si l’on n’a pas été une fille de 13 ans dans les années 2000. De même, il faut avoir un peu connaissance de la culture asiatique pour comprendre les enjeux de la relation de Mei Mei avec sa famille et de certaines attitudes décrites.


➡️Conclusion,

Un film qui fait référence à l’ACT - vous savez, je vous en parle de plus en plus : la thérapie d’acception et d’engagement- ? Et bien oui et non. Oui, car Mei Mei en choisissant son panda valide et accepte ses émotions, cela lui donne une vie plus riche malgré l’inconfort ressenti par moment. Toutefois, à mon sens, cela n’apparaît pas assez nuancé dans le scenario, c’est trop dichotomique. En effet, soit les personnages les répriment, soit les émotions sortent magistralement avec des conséquences délétères (scène du ballon, de la fête ou lorsque la mère laisse sortir son propre panda). Et les émotions fortes ne sont pas pleinement vécues, mais plutôt évitées puisque Mei Mei visualise/pense à des moments avec ses amies pour ne pas se focaliser sur le vécu émotionnel afin de faire disparaître le panda.

Un beau film donc, mais qui manque quelque peu de subtilités et d’aspérités, voir parfois un peu réducteur.


❓Et vous, qu’en avez-vous pensé? Un bon support pour travailler les émotions et la puberté avec les enfants/ados ?


Je remercie mes proches avec qui des débats passionnés ont nourris ma réflexion et ont mené à l’envie d’écrire ces petites lignes.✨


Aurélie




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