Pas de recette magique mais, presque ! Il s'agit de conseils qui, s'ils sont appliqués avec constance et en cohésion par les deux parents, donnent vraiment de supers résultats !
11 conseils de bases en parentalité efficace issus de l’analyse appliquée du comportement et de la thérapie ACT (d’après Polk, Schoendorff, Webster et Olaz, 2017) :
Code couleurs, jaune: le résumé du conseil; noire : le principe issu de l’analyse appliquée du comportement (ABA).
1. Validez inconditionnellement toutes les pensées, ressenti et émotion de votre enfant, en validant que toute expérience intérieure est correcte. (Affaiblir le contrôle des expériences intérieures aversives sur le comportement).
➡️Si je vous dit « ne pensez surtout pas à une licorne rose …». Il est impossible d’empêcher/de supprimer les pensées et les émotions donc il faut privilégier une démarche de validation inconditionnelle pour toute pensée ou ressenti de vos enfants. Je vois que, je comprends que, c'est normal de ressentir ça dans cette situation.
Expérience à faire avec le parent : comment réagissez-vous habituellement à vos propres pensées et émotions difficiles et comment réagissez-vous habituellement à celle de vos enfants ?
2. Invitez votre enfant à remarquer, par l'expérience, que certains comportements fonctionnent et que certains ne fonctionnent pas (observer la fonctionnalité du comportement).
➡️‼️Valider les pensées et émotions ne signifie pas donner aux enfants d'autorisation de se comporter de façon inappropriée ou dysfonctionnelle loin de là ! Il faut donc fixer et établir des limites claires avec des conséquences pour les comportements dysfonctionnels et bien entendu des récompenses pour les bons comportements. Cela peut prendre la forme des « règles de la vie de famille » pour les comportement généraux et plus spécifiquement un tableau de récompenses/économie de jetons pour les comportements plus spécifiques (cela fera l’objet d’un autre article).
De façon plus globale, il est beaucoup plus difficile de ne pas faire quelque chose que d'apprendre à faire autre chose. Par exemple, il est beau beaucoup plus difficile d'arrêter de jurer que d'apprendre à exprimer ce qui est problématique, il est donc important d'apprendre à décrire en première étape précisément ce à quoi ressemblerait le comportement désiré plutôt que ce à quoi il ne devrait pas ressembler.
3. Arroser ce que vous voulez voir pousser, en utilisant le renforcement positif dans vos interactions avec vos enfants (utiliser le contrôle appétitif afin d'élargir le répertoire comportemental).
➡️ Le renforcement positif (R+) est l'un des outils les plus efficaces du changement. Tout comportement se maintient en fonction des conséquences qu'il reçoit. L’attention des autres est bien souvent fortement renforçante pour les enfants. Donc nous invitons le parent à tourner son attention vers ce que leur enfant est en train de faire de bien afin de le prendre en « flagrant délit de bien faire ». Pour que le renforcement soit efficace il faut 1.décrire brièvement le comportement de l'enfant. 2. utiliser un ton enthousiaste. 3. il y adjoindre un contact physique affectueux.
4. Parlez en termes de ce que vous voulez que votre enfant fasse et des récompenses potentielles, plutôt qu'en termes de ce que vous ne voulez pas qu'il fasse et des punitions probables, et faites-le de manière constante (Utiliser avec constance des règles verbales appétitives transforme le parent en guide fiable et prévisible plutôt qu’en gardien imprédictible)
➡️Le problème c'est qu'utiliser excessivement ses règles et ordre en dehors des situations d'urgence physique immédiate tend à renforcer le comportement d'éloignement. Il est donc préférable d'utiliser des règles formulées positivement ; par exemple "s'il te plaît, aide à la vaisselle et tu pourras ensuite jouer à l'ordinateur". Plutôt que : «ne mange pas autant de sucre ou tes dents vont pourrir ».
5. Lorsque vous donnez des instructions à votre enfant, décrivez certaines des choses qui pourraient arriver et invitez-le à observer ce qui se passe quand il suit ou ne suit pas les instructions. (Encourager le tracking afin de promouvoir le tracking flexible des règles utiles, plutôt que le ply = la pliance).
➡️ Plus les enfants observent les conséquences les plus larges de leur comportement, plus ils deviennent flexibles et sensibles à leur environnement. En général quand on est stressé et surchargé on a tendance à donner aux enfants des instructions telles que « parce que je te l'ai dit ! ». Toutefois ce genre de phrase sème les graines de la rébellion et résulte dans les relations coercitives placées sous le signe de la menace. Un autre effet secondaire néfaste est que cela peut pousser les enfants accorder plus d'attention aux effets de leur comportements sur la personne qui a formulée la consigne plutôt que sur les conséquences (ex : « j’ai peur de papa quand il fait la grosse voix »). Nous sommes sur de la pliance (conformisme/application des règles sans les comprendre) plutôt qu'observer les conséquences de son comportement sur l'environnement. Il peut donc être intéressant pour les parents de trouver des moyens d'encourager les enfants à observer ce qu'ils éprouvent quand ils font quelque chose, même dans les moments où les parents sont très tentés de lui dire tout simplement ce qu'il faut faire. Par exemple, un parent pourrait dire : "mes tes gants d'hiver et voir si tes mains restent au chaud et si tu peux jouer dans la neige plus longtemps". Le but est d'inviter à l'enfant à observer ce qui se passe dans les moments qui suivent le comportement suggéré. Il ne s'agit pas de lui faire un sermon sur des futurs périls et avantages du type "il faut bien travailler à l'école si tu veux intégrer une université prestigieuse." Pour expérimenter ceci en tant que parents vous pouvez observer en quoi l'usage (ou le non-usage) de ces principes de parentalité efficace affecte vos interactions avec votre enfant.
6. Demandez gentiment et clairement et offrez des choix (mettre en place des antécédents appétitifs au comportement cible, ce qui augmente la probabilité que l'enfant s'engage dans le comportement).
➡️ Fournir des antécédents appétitifs tels que la gentillesse. Quand vous demandez à vos enfants de participer aux tâches domestiques sur un ton désagréable la probabilité est plus grande que votre enfant ne répondra pas à votre demande voir il pourra s'y conformer mais seulement pour échapper à la nature aversive de la demande mais bien sûr demander gentiment va de pair avec demander clairement et fermement. Pour les enfants qui ont tendance à ignorer les demandes : répéter simplement votre consigne puis à demander à votre enfant d’énoncer sa compréhension de la demande, des conséquences (de préférence) appétitives de collaborer, et (le plus rarement possible) des conséquences aversives de non-respect. Pour les enfants qui ont tendance à répondre avec sarcasme, ignorez le ton votre enfant et répondez uniquement aux éléments de sa réponse qui reflètent la demande. Et cela même si nous savons qu’il est très difficile d'ignorer le sarcasme. Il est essentiel même si très dur d'ignorer autant que possible les moqueries, le sarcasme et autres comportements provocateurs et renforcer les comportements désirés. Bien sûr ce principe comme tous les autres reste probabiliste mais on ne cherche pas à viser la perfection. Déjà en appliquant 70 à 80% du temps ces principes vous avez une bonne chance pour obtenir des résultats appréciables. Les parents peuvent vraiment tirer parti de la puissance de cette approche en offrant des choix. Les deux choix que vous offrez devraient être acceptables pour vous (ex : « tu veux prendre la douche ou le bain ? »). En grandissant, des enfants qui ont vécu l'expérience de choisir sont plus susceptibles de faire des choix judicieux et de préférer tout au cours de leur vie les personnes et les emplois qui leur offrent des choix. Est-ce que vous aimeriez pouvoir choisir pour votre enfant une vie avec des choix ou une vie sans choix ? Bien entendu, offrir les choix et parfois utile et parfois moins efficace. Essayer d’identifier des situations où ça ne fonctionne pas. Et dans ces cas-là vous pouvez revenir à énoncer la demande de façon claire et gentille.
7. Diviser les tâches en plus petit morceau et, quand ça peut être utile, au frais votre aide pour commencer la tâche avec votre enfant. (Utiliser le façonnage pour développer le comportement désiré).
➡️Parfois, des enfants ne s'engagent pas dans un comportement demandé parce qu'il est trop complexe il peut être utile de le diviser en plus petites bouchées. Lorsque l'on va introduire des comportements nouveaux, complexes ou à faible probabilité, vous pouvez également mettre les choses en action en démarrant la tâche avec vos enfants (principe de chaînage, amorçage).
8. Lorsque vous demandez à votre enfant d'engager un comportement à faible probabilité, demandez-lui d'abord d'engager un comportement à forte probabilité. (Augmenter les chances d'obtenir un comportement qui peut ensuite être renforcé pour lui-même).
➡️C’est à dire, essayez d'abord de lui demander un comportement dans lequel il s'engage plus facilement. Par exemple, si l'enfant donne facilement des câlins on peut lui demander un câlin avant de mettre son pyjama. Ou si il aime faire le pitre et des plaisanteries mais pas les devoirs on peut faire un petit temps pour plaisanter avec son enfant et ensuite se mettre aux devoirs de maths, puis une autre activité plaisante après les maths.
9. Lorsque votre enfant engage un bon comportement, louez à la fois le comportement et l'enfant lui-même. Lorsque votre enfant se livre à un mauvais comportement, limiter vos remarques ou comportement. (Favoriser la motivation intrinsèque, un sens de soi sain et le sentiment que le comportement inefficace peut-être modifié).
➡️Il est tout aussi important de semer les graines du renforcement intrinsèque. Par exemple, il peut être plus pertinent de dire : « tu dois être fier de toi dis donc » plutôt que dire : « maman est fière de toi ». Il faut donc cadrer les bons comportements de l’enfant en terme de qualité personnelle positive. Par exemple, « c'est une chose très généreuse que tu as fait, tu as partagé tes bonbons » au lieu de dire « je suis tellement heureux que tu partages tes bonbons ». A l'inverse, et c'est souvent difficile à faire pour le parent mais, lorsque les enfants ont un comportement inacceptable ou perturbateur il est important de rester focalisé sur le comportement plutôt que sur l'enfant. Par exemple, on peut dire : « tu as volé des bonbons à ta sœur ce n'est pas quelque chose que nous voulons que tu fasses » plutôt que de dénigrer l'enfant lui-même en disant « voleur, tu es méchant de voler ». Parce que les enfants sont si prompts à dériver leur sens de soi à partir de leur ressenti de leur comportement il est important que les parents contribuent au développement de leur conceptualisation de soi de manière soutenante et positive.
10. Laissez les conséquences parler d'elles-mêmes, en d'autres termes, faites preuve d'empathie quand votre enfant rencontre des conséquences aversives - même lorsque vous êtes la personne qui applique ses conséquences. (Établir une façon validante soutenante d'utiliser les contingences pour réduire les comportements indésirables).
➡️ L'empathie et la clef d'un environnement soutenant. Observez quand vous faites un sermon à ce qu’il se passe. Il est beaucoup plus efficace de faire preuve d'empathie et de laisser les conséquences parler d'elle-même. Par exemple, si la règle était : « si tu fais tes devoirs tu pourras regarder la télé pendant une heure ». S'il ne parvient pas à faire ses devoirs, plutôt que de dire quelque chose comme : « je t'avais prévenu mais tu m'écoutes jamais » le parent peut dire : « je sais que c'est difficile et je suis désolé.e que tu ne puisses pas regarder la télévision parce que tu n'as pas fait tes devoirs. J'aime te laisser regarder la télévision et j'espère que tu choisiras de faire tes devoirs demain ». Si l'enfant argumente on peut suggérer de s'en tenir à la réponse simple comme : « je sais que c'est difficile. On en reparlera plus tard ». Pour les plus jeunes se référer au principe suivant. Dans tous les cas, valider combien il est difficile de vivre ses conséquences et éviter de les sermonner.
11. Faites des moments où votre enfant vit des émotions difficiles des occasions de vous connecter avec lui. Cela avant de chercher à résoudre le problème. (Entraîner des enfants aux relations intimes et les encourager à se connecter en partageant ce qu'ils ressentent).
➡️Les émotions négatives ne sont pas des problèmes à résoudre elles font partie de la vie il faut apprendre à les exprimer. Ainsi, une des meilleures approches et de reconnaître que ces moments offrent de précieuses occasions de se connecter avec votre enfant et que cela permet de l'aider à accueillir et nommer ses émotions. Être validé de cette manière permet également aux enfants d'apprendre progressivement à s'auto-valider. John Gottman (1997) propose 5 étapes :
Reconnaissez les émotions de l'enfant.
Faites des moments de forte émotion négative des occasions de vous connecter avec l'enfant et de lui offrir du coaching émotionnel.
Écouter avec empathie, on reflétant et en validant les ressentis de l'enfant. Aider l’enfant à nommer l'émotion qu'il ressent.
Lorsque vous sentez que vous avez su vous connecter aux émotions de l'enfant, il est temps de passer à la résolution de problème, tout en maintenant les limites comportementales claires.
Adaptation, Aurélie TEXIER JULIEN, psychologue spécialisée en neuropsychologie.
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